Après deux années d’études infructueuses en histoire de l’art (2004-2005), durant lesquelles je me suis rendu compte que je n’étais pas du tout fait pour ça, j’ai dû commencer à travailler : plongeur, mécanicien, serveur, maçon… toujours un livre à la main.
En 2020, je commence à prendre des photos. Où que j’allais, je dégainais mon appareil pour capturer tout ce qui dépassait du paysage (comme avant les clochers) : grues, pylônes, fils électriques, bâtiments, etc. Pourtant, je réalisais que la photographie seule ne parvenait pas à traduire ce que j’avais en tête. Il me fallait trouver un moyen de saisir l’époque dans ses rythmes, ses textures, ses matières, ses couleurs et ses formes. Il fallait que je condense. Je voulais mettre en avant des paysages humains déshumanisés et déshumanisants, représentés par la verticalité (totemisation) de l’économie, de la science, de la technique et de la préfabrication pour montrer la rationnalisation de notre époque. Fut mis en exergue presque malgré moi un vide :
_ linéarité accumulée par la consommation, préfabrication, la sérielisation et l’industrialisation.
_ verticalité et prévalence de la science, de la technique et de l’économie à travers de grandes quantités de plastique et de métal.
_ omniprésence de la ligne dans le paysage physique et mental au détriment de la courbe de la nature.
_ vide dans sa matérialité et dans ses formes, caché à travers sophistication et prééminence des apparences.
_ vide consubstantiel à l’accumulation, la répétition et la quantité.
_ illusion du plein, de l’élévation et de l’être.
_ éloignement de l’homme à lui-même par la proximité et l’utilisation des matières technologisées et transformées omniprésentes.
_ prévalence de l’I.A au détriment de l’humain.
_ hygiènisme et asseptisation par la rationnalisation.
_personnalisation et individualisation de la vie au détriment de la singularité.
_geste froid et calculé, à l’image de nos vies prévisibles et ultra-programmées (et donc ultra-programmables).
Après deux années d’un travail acharné et laborieux, j’ai fini par trouver un langage qui m’était propre. C’est ce langage que je rends aujourd’hui à travers mes tableaux.
(En 2024, je réalise que mes tableaux ressemblent beaucoup à mes photos.)
After two unsuccessful years studying art history (2004–2005), during which I realized I wasn’t cut out for it at all, I had to start working: dishwasher, mechanic, waiter, bricklayer… always with a book in hand.
In 2020, I started taking photos. Wherever I went, I would draw my camera to capture anything that stood out from the landscape (like church steeples used to): cranes, pylons, electric wires, buildings, etc. And yet, I came to realize that photography alone couldn’t quite express what I had in mind. I needed to find a way to grasp the era through its rhythms, textures, materials, colors, and shapes. I needed to condense. I wanted to highlight human landscapes that had become dehumanized and dehumanizing, represented through the verticality (totemization) of economy, science, technology, and prefabrication—showing the rationalization of our time. Almost in spite of myself, a sense of emptiness came to the forefront:
_ linearity built up through consumption, prefabrication, serialization, and industrialization.
_ verticality and dominance of science, technology, and economy through massive amounts of plastic and metal.
_ omnipresence of the line in both the physical and mental landscape, to the detriment of nature’s curves.
_ emptiness in its materiality and forms, concealed through sophistication and the prominence of appearances.
_ a void intrinsic to accumulation, repetition, and quantity.
_ illusion of fullness, of elevation, of being.
_ a distancing of humans from themselves through the proximity and use of technologized and transformed materials.
_ prevalence of A.I. at the expense of the human.
_ hygienism and sterilization through rationalization.
_ personalization and individualization of life at the expense of true singularity.
_ cold, calculated gestures—mirroring our predictable, hyper-programmed (and thus hyper-programmable) lives.
After two years of intense and painstaking work, I eventually found a language of my own. It’s this language that I now express through my paintings.
(In 2024, I realized my paintings look a lot like my photographs.)